Les grands groupes comme les start-ups y déploient des démarches à la fois distinctes et convergentes, mues par une veille tous azimuts.
On a parfois tendance à l’oublier : à l’échelle mondiale comme au niveau national, l’industrie pharmaceutique demeure l’un des secteurs les plus performants et structurés en matière de veille stratégique. Ce secteur, historiquement solide et fortement régulé, connaît aujourd’hui des transformations profondes, portées à la fois par l’émergence de nombreuses startups innovantes et par une dynamique technologique qui ne se dément pas.
Avec plus de 1 200 milliards de dollars de chiffre d’affaires généré à l’échelle mondiale (source : ), l’industrie pharmaceutique continue d’afficher une croissance soutenue. En France, ce secteur clé représente 73 milliards d’euros de CA (source : ), avec près de 100 000 salariés. Mais au-delà des chiffres, ce sont les mutations internes qui méritent l’attention et qui continuent de se déployer : la prolifération de jeunes pousses biotechnologiques, souvent nées dans des incubateurs ou des pôles de compétitivité, redéfinit le paysage traditionnel. Des entreprises comme par exemple BioSerenity (dispositifs médicaux connectés) ou Owkin (biotechnologies), toutes deux françaises, symbolisent ce renouveau. Elles développent des solutions basées sur l’intelligence artificielle, les biomarqueurs ou encore la médecine personnalisée.
En parallèle, des géants historiques comme Sanofi, Servier ou Ipsen poursuivent leur ancrage stratégique, investissant massivement dans la R&D et intégrant des technologies de pointe à leur chaîne de valeur.
Face à un environnement aussi foisonnant, la veille doit impérativement se déployer « en étoile », c’est-à-dire de manière omnidirectionnelle. Dépôts de brevets, suivis des AMM (autorisations de mise sur le marché des médicaments), veille réglementaire, analyse des publications scientifiques, surveillance des annonces de partenariats : l’information stratégique est potentiellement partout. À ces dimensions traditionnelles s’ajoute aujourd’hui une vigilance accrue sur les innovations technologiques : dispositifs médicaux connectés, IA dans la recherche de molécules, impression 3D de médicaments…
Le propre de cette veille vient de son hyperspécialisation, mais également de sa grande agilité. Elle est désormais enrichie par l’intelligence artificielle générative, capable de traiter des volumes d’informations massifs, de générer des synthèses pertinentes en un temps record, et d’anticiper des tendances (particulièrement les signaux faibles) encore invisibles à l’œil humain. Une révolution qui, ici comme ailleurs, bouleverse les méthodes traditionnelles et redonne à la veille une portée prospective.
Deux tendances sont aujourd’hui observables. Dans les grands laboratoires, la veille s’est industrialisée. Dotés de cellules internes expertes, ces groupes déploient des outils puissants, parfois capables d’agréger plus de 80 000 documents par jour. En période de crise, comme en 2020 avec la pandémie du Covid-19, certains ont publié jusqu’à 30 newsletters quotidiennes. Objectif : suivre, en temps réel, les décisions politiques, les essais cliniques, ou encore les controverses scientifiques – que le grand public a notamment pu découvrir à ce moment-là.
À l’autre extrémité du spectre se trouvent les startups. Bien que plus agiles, ces entreprises ne disposent pas toujours des moyens humains nécessaires. Ainsi optent-elles de plus en plus pour des services externalisés, flexibles, capables d’offrir une veille sur mesure, le plus possible ajustée à leurs ambitions de croissance. Elles peuvent ici bénéficier du soutien actif de nombreux éditeurs de plateformes de veille stratégique. Articulées avec un service humain sur mesure, leurs solutions se révèlent particulièrement utiles.
Dans cet écosystème foisonnant, nous observons que la frontière entre les pratiques des grands groupes et celles des petites structures tend à s’estomper. Les enjeux sont désormais partagés : veiller à la cybersécurité des données de santé, anticiper les mouvements de fusion-acquisition, intégrer les exigences ESG (responsabilités environnementales, sociales et de gouvernance) dans les stratégies de développement…
C’est ainsi que la veille devient un levier de différenciation. Elle constitue un outil de pilotage stratégique et un facteur d’adaptabilité pour toutes les typologies d’acteurs, quelles que soient leur taille et leur ancienneté. Au cœur d’un monde pharmaceutique de plus en plus technologique, internationalisé et concurrentiel, elle constitue plus que jamais une nécessité vitale.