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Pourquoi le retrofit va bouleverser le marché des véhicules utilitaires

Par Bernardo Cabrera, Directeur de la BU Objenious

Publication: Mars 2023

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Pour pousser les constructeurs au développement de nouveaux véhicules électriques moins polluants et à la rénovation générale du parc automobile français, les interdictions de circuler pour les moteurs à énergie fossile se multiplient...
 

Les professionnels et particuliers se tournent vers les voitures électriques, mais également le retrofit, pratique consistant à remplacer un moteur thermique par des batteries électriques munis, entre autres, de capteurs IoT. Offrant une seconde jeunesse aux véhicules, cette pratique participe au développement du nouveau marché des véhicules électriques d’occasion et notamment des véhicules utilitaires, une denrée rare et chère pour les professionnels.

La transition énergétique au cœur des préoccupations du marché

L’Europe impose d’effectuer une transition énergétique de la filière automobile en donnant l’interdiction de rouler à certains véhicules trop polluants (via l’imposition de la vignette Crit’Air, mais aussi via la future interdiction de vente de véhicules neufs thermiques d’ici 2035). Cela porte ses fruits en France, puisqu’en 2022, l’immatriculation des véhicules électriques et hybrides rechargeables a progressé de presque 20 % par rapport à l’année d’avant, dont 30% sont des véhicules particuliers et utilitaires 100 % électriques. Mais la transition reste cependant compliquée pour les professionnels : si les flottes des véhicules légers des entreprises s’électrifient, les véhicules utilitaires et camions ont quant à eux plus de difficultés à mener leur transition. Aujourd’hui, près de 6,3 millions de véhicules utilitaires seraient en circulation en France, dont 95% roulant toujours au diesel.

En France, le marché a fortement ralenti dû à la pénurie de composants. Les délais de livraison des pièces refroidissent les potentiels acheteurs et la rupture technologique rend les nouveaux modèles très vite obsolètes. Ces deux phénomènes engendrent une explosion du marché des véhicules d’occasion, et ouvre une brèche intéressante pour le marché du rétrofit. Cela permet notamment aux consommateurs d’éviter de racheter une voiture neuve pour quelques milliers d’euros et de participer à l’essor du marché des véhicules électriques d’occasion. Cette pratique pourrait s’avérer bénéfique également pour les professionnels : le rétrofit est une porte ouverte vers une seconde jeunesse pour les véhicules utilitaires légers (VUL) diesel qui vont être progressivement bannis des villes, mais aussi une solution bien moins coûteuse que d’acheter des VU électriques dont l’offre est encore rare.

Le rétrofit en plein boom

Permettant de remplacer le moteur thermique (essence ou diesel) de son véhicule par un moteur électrique à batteries ou à hydrogène (pile à combustible), le rétrofit élimine les émissions nocives de gaz. Autorisée en Europe et en France depuis le 3 avril 2020, plus de 300 000 véhicules étaient déjà rétrofités en 2021. Revenant 2 à 3 fois moins cher que l’achat d’un véhicule électrique neuf selon TOLV Systems la transformation réduit de 56% des émissions de CO2 par rapport à l’envoi à la casse d’un Diesel et la production d’un VE neuf. La filière se fixe comme objectif d’atteindre d’ici à 2030 un million de véhicules à moteur thermique transformés.

Au cours de la transformation du véhicule, le moteur thermique et ses capteurs associés sont retirés. Une nouvelle électronique de commande est intégrée via des capteurs de mesures, ainsi qu’une unité de communication data grâce à une carte SIM, permettant de recevoir les données d’exploitation du véhicule. Le conducteur peut ainsi surveiller en temps réel l’état de son véhicule lorsqu’il est à bord ou à distance depuis son smartphone. La programmation du nouveau moteur est intégrée directement dans le réseau interne du véhicule (CAN), et les données sont directement transmises au propriétaire du véhicule via de la 4G, permettant de donner en temps réel l’état de charge des batteries.

Alors qu’ils étaient déjà intégrés dans une partie des autres composantes d’un véhicule afin de permettre l’optimisation énergétique, de soutenir l’infotainment et de prévenir les défaillances, l’électrique et l’IoT font désormais partie intégrante des nouveaux moteurs. La Formule 1 (F1) et la Formule Électrique (FE) sont devenues des bancs de tests technologiques pour toutes les nouvelles voitures arrivant sur le marché. Elles donnent également un bon indicateur sur les fonctionnalités dont disposeront les véhicules de demain, qu’elles soient relatives à la sécurité du pilote, à la maintenance, au suivi des performances ou encore à la gestion des facteurs environnementaux.

La route vers le rétrofit se conduit en VU

Pour les professionnels, la procédure de rétrofit peut atteindre 20 000 € pour un gros véhicule (la manœuvre sur certains véhicules thermiques très complexes peut coûter plus de 40 000 €).

L’option rétrofit électrique de fourgons spéciaux est attractive dans un contexte où l’offre de véhicules électriques d’occasion est quasiment inexistante. Le marché des VU a en effet eu du mal à s’électrifier : manque de composants électroniques, hausse des prix des matières premières…, rendant ceux à la vente plus onéreux (35 000 euros pour les premiers prix). Il est donc presque deux fois moins coûteux de rétrofiter un VU plutôt que d’en acheter un neuf, d’autant plus que les véhicules utilitaires bien entretenus peuvent durer 15 ans dans certaines entreprises, et se revendent en général après.

Cette garantie de pouvoir redonner une nouvelle vie à un véhicule utilitaire au lieu d’acheter un véhicule aux batteries neuves participe au développement du marché de la revente de véhicules utilitaires transformés. De plus, elle donne à certains professionnels la possibilité de plus facilement les revendre et / ou de se créer une nouvelle flotte entièrement électrique, moitié moins chère. Si la filière a progressé et révolutionne l’approche des flottes professionnelles électriques en France, beaucoup d’entreprises attendent encore l’arrivée d’innovations disruptives dans le domaine - telles que des moteurs hydrogène à haute performance, pour passer le cap.

Représentant un potentiel de plus d’un milliard d’euros sur 5 ans, l’ADEME prévoit la conversion de plus de 65 000 véhicules et la création de 6 500 emplois grâce à la filière. De quoi envisager le rétrofit comme une solution d’avenir pour les véhicules déjà en circulation et prochainement non-conformes, mais aussi pour l’électrification de l’industrie automobile à grande échelle.

https://www.objenious.com/

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