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Actualité des entreprises

Booster les traitements contre le cancer grâce à des leurres

Publication: Mars 2016

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La succes story DBAIT, de la recherche au lit du patient...
 

Fruit des recherches menées à l’Institut Curie, ces molécules ont été développées à l’origine pour booster la radiothérapie puis les chimiothérapies en augmentant leur efficacité, et pourraient s’appliquer désormais seules dans différents types de cancer. Les DBAIT « trompent » les cellules tumorales qui meurent sans que le tissu sain ne soit endommagé. De nombreuses tumeurs pourraient en bénéficier puisque cette stratégie innovante concerne un mécanisme commun à tous les types de cancers. Elles ont fait l’objet d’un essai clinique de phase 1 chez des patients atteints de mélanome de la peau dont les résultats très prometteurs ont été présentés à l’ASCO en 2015. Les DBAIT seront désormais développées par Onxeo, société de biotechnologie française spécialiste des thérapies innovantes pour le traitement des cancers rares.

« L’histoire de DBAIT illustre parfaitement la force du modèle Curie « de la recherche fondamentale au lit du patient » et l’utilité de financer des programmes très novateurs grâce aux fonds issus de la générosité des donateurs et des mécènes. » Marie Dutreix, directrice de recherche CNRS dans l’unité 1021 INSERM/Institut Curie

Les molécules DBAIT sont une nouvelle classe de médicaments issue de la recherche fondamentale de l’Institut Curie qui ont été découvertes en 2002 par Marie Dutreix, dans le cadre d’un programme innovant de l’Institut Curie, financé par la générosité publique. « En cherchant à comprendre la résistance au rayonnement observée chez près de 20 % des patients, nous avons mis au point des petites molécules qui ressemblent grosso modo à de l’ADN endommagé », explique la chercheuse.

Les DBAIT étaient nés. Concrètement, elles agissent au sein des cellules comme des « leurres », faisant croire à la cellule que le nombre de dommages auxquels elle doit faire face, suite au traitement par radiothérapie, est beaucoup plus élevé que la réalité. Lorsque ces fragments arrivent dans la cellule tumorale, tous les mécanismes de réparation mis en œuvre par la cellule cancéreuse pour réparer les dommages de son ADN vont se focaliser sur ces fragments d’ADN et elle en oublie de réparer l’ADN de la tumeur. Ainsi « débordée » par la quantité de dommages à réparer, la cellule tumorale s’autodétruit. « Ensuite, il a fallu améliorer les outils, multiplier les angles d’observation, mieux comprendre le fonctionnement des DBAIT, valider leur efficacité sur des modèles. Avant d’arriver à un possible médicament, cela a pris près de 10 ans ! », ajoute Marie Dutreix. Sans compter le dépôt de 6 brevets et la création de la société DNA Therapeutics, qui a permis d’aller chercher des investisseurs et de se lancer dans des essais cliniques.

Une stratégie innovante pour contrer les mécanismes de résistances des tumeurs

Ces mécanismes de réparation de l’ADN sont particulièrement activés lorsque les cellules cancéreuses sont exposées à des agents cherchant à les détruire, comme les chimiothérapies et les rayonnements de la radiothérapie. L’une des limites actuelles de ces traitements est le développement de résistances. Ces molécules sont donc particulièrement intéressantes pour le traitement du cancer, en particulier en association avec la chimiothérapie ou la radiothérapie afin d’en augmenter l’effet. Toutes ces hypothèses ont été vérifiées en préclinique sur des lignées tumorales et dans des modèles animaux. Ces molécules ont été développées dans un premier temps pour une administration locale, intra-tumorale et péri-tumorale.

Les DBAIT ont été évaluées pour la première fois chez des patients dans le cadre d’un essai thérapeutique multicentrique français de phase I (essai DRIIM) coordonné par Dr Christophe Le Tourneau, responsable des essais cliniques précoces et de la médecine de précision à l’Institut Curie. Du fait de leur injection intra-tumorale et du rationnel de les associer avec la chimiothérapie ou la radiothérapie, il a été décidé de les évaluer chez des patients atteints de métastases cutanées de mélanomes traitées par radiothérapie. Or ce traitement n’est pas très efficace, avec un taux de réponse complète de 9% seulement. Dans l’essai DRIIM, 23 patients ayant des métastases cutanées de mélanome ont ainsi été traités avec la radiothérapie et des injections de molécules DBAIT.

Cet essai a confirmé que l’injection des molécules DBAIT ne produisait pas d’événements indésirables majeurs.. En termes d’efficacité, le taux de réponse complète (disparition des nodules tumoraux) était 4 fois supérieur (37%) à ce qui avait été rapporté par le passé dans la littérature (9%), ce qui est très encourageant. Enfin, cet essai a montré qu’une partie des molécules DBAIT passait dans la circulation sanguine et que l’efficacité était corrélée à l’intensité de ce passage. Onxeo envisage désormais de poursuivre le développement par voie systémique, en monothérapie ou en combinaison avec d’autres traitements..

Onxeo, société innovante spécialisée dans le développement de médicaments orphelins en oncologie, vient d’annoncer l’acquisition de DNA Therapeutics, et à travers elle d’une nouvelle classe de médicaments représentant une approche prometteuse dans la lutte contre le cancer.

Judith Greciet, Directeur Général d’Onxeo, commente : « Nous sommes fiers de poursuivre le développement des Dbait, dont le mécanisme d’action unique vient renforcer la valeur scientifique et innovante de notre portefeuille de médicaments orphelins en oncologie, et sera créateur de valeur pour nos actionnaires. Le développement d’une nouvelle classe de médicaments ciblant spécifiquement les mécanismes de réparation de l’ADN tumoral tout en épargnant les tissus sains, a été identifié comme une voie particulièrement prometteuse du traitement des cancers solides. Je pense par exemple au cancer du sein triple négatif et le cancer des ovaires résistant au platine ».

Amaury Martin, Directeur de la Valorisation de l’Institut Curie, ajoute : « L’acquisition de DNA Therapeutics par Onxeo est un signe de reconnaissance fort pour le travail mené depuis plus de 10 ans à l’Institut Curie, tant sur le plan de la recherche, de l’appui à l’essaimage de l’entreprise et désormais dans la conduite des essais cliniques. Grace aux soutiens apportés aux équipes, notamment via la labellisation Carnot dont bénéficie l’Institut Curie, le projet s’est enrichi au cours des années pour être aujourd’hui porteur de valeur économique et de perspectives cliniques pour les malades. Cette success story conforte la place unique de l’Institut Curie dans le paysage de la cancérologie européenne en tant qu’incubateur de sociétés Biotechs & Medtechs, une dynamique appelée à se renforcer dans les années à venir ».

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