Dans le domaine de l’énergie, les territoires insulaires sont des terres d’innovation. Ne bénéficiant pas des conditions de stabilité d’un système électrique continental interconnecté, les DOM et la Corse doivent trouver des solutions intelligentes pour conduire les réseaux électriques et préparer la transition énergétique. Depuis plus de 3 ans, la direction des Systèmes énergétiques insulaires d’EDF (SEI) pilote un programme Smart Grids dont les différents projets donnent des premiers enseignements enrichissants.
Défi n°1 : Impliquer les producteurs et les consommateurs, pour optimiser la conduite des systèmes non interconnectés et de petite taille
Le manque d’interconnexion avec des systèmes plus larges, fragilisent les réseaux insulaires. En cas de perte du moyen de production le plus important c’est 10% à 20% de la puissance délivrée qui n’est plus disponible pour les gestionnaires de réseau. SEI expérimente des technologies Smart Grids pour apporter de nouvelles flexibilités : outils pour gérer l’équilibre offre-demande, capacités de stockage et capacités d’effacement.
La mise en place de compteurs et de capteurs sur le terrain permet de donner des indications plus fines et en temps réel sur la production et la consommation. Les compteurs Push permettent de remonter des informations sur les niveaux de production photovoltaïque totale des territoires et les capteurs installés dans le projet Pegase remontent des données très précises sur la production d’une centrale éoliennes et deux centrales photovoltaïques à la Réunion.
Dans le cadre de l’expérimentation Millener et du projet Sigma, les consommateurs sont également équipés de technologies Smart Grids pour constituer des capacités d’effacement.
Avec Millener, 1000 clients particuliers sont équipés de systèmes de télé-pilotage de leurs usages thermiques ou d’une batterie pour les clients disposant d’une toiture photovoltaïque et apportent ainsi une petite capacité d’effacement aux systèmes de Corse, de Guadeloupe et de la Réunion.
De son côté, le système SIGMA permet d’effacer en Martinique des grands consommateurs équipés de moyens de secours télé-pilotés. Lors des périodes tendues ils mettent leur puissance à disposition du système électrique pour préserver l’équilibre offre-demande.
Défi n°2 : Intégrer toujours plus d’énergies renouvelables
Aujourd’hui, les territoires insulaires sont soumis à de nouvelles contraintes liées à l’augmentation du taux d’énergies intermittentes. Les nouveaux usages électriques sont par ailleurs un facteur d’augmentation de la consommation d’électricité aux heures de pointe. Cette évolution peut avoir un impact carbone important et amener à augmenter les coûts de production. Le programme Smart Grid apporte des outils pour intégrer au mieux les ENR et les nouveaux usages de l’électricité.
Le projet Pegase à la Réunion expérimente des outils de prédiction des passages nuageux qui peuvent provoquer des chutes importantes de la production photovoltaïque. Il teste également une batterie de stockage pour augmenter les capacités de réserve du système.
Lorsque le taux de production d’ENR intermittentes dépasse 30% de la production instantanée, l’équilibre du système n’est plus garanti. Dans ce cas, le système Push permet de déconnecter les producteurs intermittents les plus importants. Il a été utilisé dans tous les territoires notamment les dimanches de beau temps où la consommation est faible et la production PV importante.
Avec Millener, les modes de pilotage du stockage pour les clients équipés d’une toiture solaire visent notamment à faciliter une insertion harmonieuse du PV dans les systèmes insulaires.
Défi n°3 : Des expérimentations utiles pour préparer un passage à l’échelle
Les spécificités de ces territoires en font un laboratoire idéal pour tester des solutions en « grandeur réelle », avant de les transposer sur le continent :
D’un point de vue opérationnel, il est plus facile de déployer des projets transverses car les activités d’EDF sont intégrées : acheteur unique de l’ensemble des productions, gestionnaire de réseau, distributeur et en charge de la commercialisation.
D’un point de vue économique, les coûts de production sont plus élevés que dans l’hexagone et les tarifs de vente de l’électricité sont identiques, ce qui permet aux projets les plus rentables de se développer naturellement.
D’un point de vue climatique, les zones insulaires tropicales permettent de qualifier la résistance des composants électroniques des technologies Smart Grids. Les composants sont ainsi mis à l’épreuve du vieillissement anticipé tels qu’ils seront vécus sur le continent des années plus tard.
D’un point de vue télécom, les terrains d’expérimentation se situent parfois dans des zones reculées, non couvertes par des infrastructures de communication classiques (ADSL ou GPRS). C’est l’occasion de tester des canaux de communication alternatifs, comme le satellite.
Le déploiement des projets Smart Grids seront également un succès s’ils permettent de créer du développement endogène et de réduire la dépendance carbone des territoires insulaires et favoriser la progression vers plus d’autonomie énergétique.
EDF SEI (systèmes énergétiques insulaires) interviendra le 12 juin prochain lors de la table-ronde « Comment concilier ENR et flexibilité de la production » sur le congrès SG Paris 2014 (de 14h30 à 15h30).
SG PARIS 2014, l’événement dédié aux réseaux énergétiques intelligents, est le rendez-vous incontournable des acteurs du marché : fournisseurs d’électricité, gestionnaires du réseau, équipementiers électriques, entreprises IT, opérateurs télécoms, institutionnels, représentants de fédérations professionnelles, industriels, consommateurs industriels. Il offre aux professionnels de l’énergie et des technologies informatiques le moyen de s’informer, de benchmarker et d’échanger sur le marché en pleine expansion des smart grids.
La 4e édition du congrès SG PARIS se tiendra du
11 au 13 juin 2014
à l’Espace Grande Arche de la Défense
et abordera les évolutions en cours dans le monde de l’énergie et des technologies IT : l’émergence des réseaux intelligents, dits "Smart Grids". 2500 PARTICIPANTS, 55 EXPOSANTS ET 240 SPEAKERS ont participé à l’édition de juin 2013.