Cetim, Centre d’expertise mécanique français, labellisé Institut Carnot, a accompagné Laroche Industries, pour développer le Scapi-scan, un moyen de contrôle sans contact des « peaux avion » avec capteurs de vision. Fini les contrôles visuels et les saisies manuelles ! Pour le contrôle des fuselages d’avions, Laroche Industrie mise sur l’automatisation avec le Scapiscan : un dispositif de contrôle sans contact qui permet de traiter 100% des éléments et d’en garder une trace numérique, mis au point avec l’appui des experts du Cetim en innovation. « Le Scapiscan est un moyen de mesure sans contact qui génère une image en trois dimensions d’une surface, typiquement une peau avion avec des rivets ou des fixations. Cette image est ensuite interprétée et, selon ce que ce qu’on va lui dire de chercher, le dispositif va trouver des défauts et alerter sur les éléments qui sont non conformes », explique Arnaud Soulet, business développement manager, Laroche Industrie.
Laroche Industrie est la filiale de Laroche Group spécialisée dans les pièces et les sous-ensembles à forte valeur ajoutée dans le domaine de la mécanique et plus particulièrement l’aéronautique l’espace et la défense. « Concrètement nous concevons et réalisons des outillages, des chaînes d’assemblage, des outillages de manutention, du petit au très gros, pour des avions, des hélicoptères, des fusées, des véhicules, des trains… Nous avons aussi une part de notre activité dans la fabrication de pièces et de sous-ensembles qui vont être amenés à rouler ou à voler », détaille Arnaud Soulet, business développement manager.
La problématique liée au scapiscan est née d’un besoin concret : la nécessité de contrôles supplémentaires intervenue dans son activité aéronautique, l’obligeant à utiliser beaucoup plus de temps-homme pour assurer des tâches supplémentaires devenues néanmoins nécessaires. « A partir de là, nous avons mené une réflexion pour essayer d’optimiser ce temps avec de l’automatisation », raconte Arnaud Soulet.
Au moment de monter son projet, l’industriel décide de ne pas partir seul et fait appel au Cetim pour l’accompagner dans sa démarche d’innovation. Première étape : faire un état de l’art afin de vérifier qu’il n’existe pas une solution sur le marché répondant au besoin. Pour cela « Nous nous sommes appuyés sur la cellule du Cetim dédiée à l’innovation. Cela a permis de faire les choses de manière complète, avec une vue très large sur l’ensemble de la technologie », raconte Arnaud Soulet. Forts du constat que la solution toute faite n’existe pas, l’industriel et le centre décident de lancer un projet, en s’orientant vers une technologie à base de capteurs vision. « Le Cetim nous a tout de suite orienté vers un partenaire, une PME de la région spécialiste dans la vision et les projets un peu mouton à 5 pattes ».
Le Centre apporte également son conseil au moment de trouver le bon guichet pour soutenir le projet de Laroche Industrie. « Très vite, on a trouvé un guichet auprès de la Région Hauts-de-France qui convenait parfaitement », se souvient le responsable Business Development. En l’occurrence, celui des projets Industrie du Futur porté par la Région.
Tout au long du projet, l’industriel est accompagné par le Centre. « Une personne a pris le sujet côté Cetim, qui nous a guidés et conseillés sur les partenaires à aller chercher et les services en interne à solliciter, pour la veille notamment ». Après la veille sur l’état de l’art, une deuxième phase de veille sur les solutions de robotisation a ainsi été lancée, puis le travail de développement proprement dit. Le résultat semble à la hauteur. « Les bénéfices d’un point de vue opérationnel sont de plusieurs natures. D’abord la rapidité d’exécution qui fait qu’un contrôleur va pouvoir contrôler plus d’éléments dans le même temps. Sur la pure tâche de contrôle on va cinq fois plus vite qu’auparavant. Mais c’est surtout, au-delà de la productivité, d’automatiser une tâche assez répétitive. La deuxième c’est une traçabilité des informations, puisqu’on est en tout numérique. A partir de l’image générée, on va on va pouvoir traiter toutes les informations, les catégoriser et sortir un rapport complet, sur l’ensemble de la surface et non pas seulement sur les défauts qui sont à déclarer », note le responsable Business Development.
Montage du dossier en 2019 pour un passage en commission mie 2020, ralentissements dus à l’épidémie de Covid 19… le projet est finalement lancé officiellement à l’automne 2020 avec le support de compétences externes, dont un designer des spécialistes en impression 3D pour la réalisation du prototype. L’équipe a travaillé pendant un an et sortit un premier prototype fonctionnel à l’automne 2021. Suite aux premières démonstrations, « il y a un certain emballement positif qu’il nous faut gérer maintenant, que l’on gère les priorités dans une démarche de fiabilisation du produit », explique Arnaud Soulet. Une nouveauté pour l’industriel qui n’a pas de produits en propre et est davantage habitué à mener des projets de A à Z sur l’expression d’un besoin client ou à partir d’un dossier de plans.
Sur ce produit de niche, Laroche Industrie vise un marché de quelques dizaines de produits. « Ensuite, au fur et à mesure des évolutions qu’il pourrait y avoir et peut-être de l’élargissement à d’autres défauts ou à d’autres domaines d’activité, d’autres industries, nous pourrons envisager un plus grand développement », annonce Arnaud Soulet.