Mais l’approvisionnement, la fabrication et le transport de biens et de services à travers le monde ont indéniablement un impact négatif sur l’environnement. Dans un rapport publié en 2022, McKinsey rappelle que le fret routier est à lui seul responsable de 53 % des émissions de CO2. Ce chiffre devrait atteindre 56 % en 2050, si la tendance actuelle se poursuit.
Néanmoins, une organisation peut, en s’efforçant d’être plus durable au niveau de sa chaîne d’approvisionnement, réduire son impact environnemental, tout en récoltant des bénéfices sur sa résilience face aux risques et l’amélioration de ses marges.
Depuis le début des années 2000, le développement durable s’est imposé comme un sujet essentiel à mesure que les réglementations et les groupes de consommateurs se sont imposés aux entreprises. De nombreux régulateurs exigent désormais que les entreprises intègrent à leur bilan annuel des mesures de leur empreinte carbone. Les organisations de plus de 500 salariés se doivent de remettre tous les quatre ans à l’ADEME un bilan d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
Le sommet COP27, qui s’est tenu à Charm el-Cheikh, a poussé des entreprises de tout horizon confondu à annoncer leurs stratégies de réduction de leurs émissions de carbone. Or beaucoup d’entre elles ne parviennent pas à faire corréler ces engagements à leurs opérations de bout en bout, et notamment à leurs supply chain. C’est une nouvelle inquiétante pour l’environnement et pour la réalisation de ces objectifs : les chaînes d’approvisionnement sont la principale source de l’empreinte carbone globale d’une entreprise. Ces dernières sont responsables de 65 à 95 % des émissions totales d’une organisation, selon le Forum économique mondial.
La méthode des 3R, et le retour aux éléments de base de la durabilité avec les « 3 R » (Réduire, Réutiliser et Recycler), peut aider les organisations cherchant à opérationnaliser et à transformer numériquement leurs supply chain. Ces éléments font partie d’un processus de hiérarchie des déchets utilisé pour préserver l’environnement et sauvegarder les ressources par une approche prioritaire. L’objectif est de retirer le maximum d’avantages pratiques des produits et de générer le moins de déchets possibles. Cette approche apporte de nombreux avantages positifs tels que la réduction des émissions GES, de la pollution, l’économie des ressources, ainsi que l’accélération de l’utilisation de nouvelles technologies durables.
La réduction de l’utilisation des matériaux passe souvent par une bonne planification de la chaîne d’approvisionnement. Pour les organisations, cela concerne la conception des produits en tenant compte de leur impact et d’utiliser les matériaux de la meilleure façon possible pour répondre aux besoins des clients tout en réduisant les processus de production excessifs et les déchets. Il est également crucial de réduire la proportion de matériaux qu’il sera difficile de réintroduire dans la supply chain après usage, tels que les matières mixtes hautement traités. Une façon pour les entreprises de réduire la consommation de matières premières est de les remplacer, dans la mesure du possible, par des matériaux réutilisés ou déjà recyclés.
A la fin de la durée de vie d’un produit, il faut évaluer si l’unité complète ou ses composants peuvent être transformés en un nouveau produit ou employés à d’autres fins sans qu’il soit nécessaire de s’en débarrasser. La remise à neuf de produits contribue à préserver les ressources naturelles et peut offrir des opportunités commerciales inenvisageables.
Cela a donné lieu à des réutilisations, créatives, de matériaux fortement exploités par les industries, tels que les plastiques pour palettes ou emballages, en éléments de route en plastique via des organisations comme PlasticRoad aux Pays-Bas, ou en compost pour les agriculteurs via la transformation du marc de café usagé par des organisations telles que Veolia et l’ARCA (l’Alliance pour le recyclage des Capsules en Aluminium). Nous ne sommes qu’aux prémices d’un regain d’intérêt pour la réutilisation des produits, qui devrait s’accélérer à l’avenir.
Tous les produits et composants ne peuvent être réutilisés. Ainsi, le recyclage devient une solution en séparant les matériaux en fonction de leur composition, comme les métaux ou les plastiques. Dans le cas des appareils électroniques, il s’agit souvent de matériaux précieux. Selon le rapport Global E-waste Monitor réalisé en 2020 par les Nations Unies, les déchets électroniques sont le flux de déchets domestiques dont la croissance est la plus fulgurante au monde. D’ailleurs, en 2019 pas moins de 53,6 millions de tonnes métriques (Mt) de déchets électroniques a été généré, un chiffre record. D’ici 2030, ce chiffre devrait presque doubler pour atteindre 74 millions de Mt par an.
La volonté de réduire le nombre de déchets, de réutiliser et de recycler est à l’origine d’un phénomène de création de nouveaux modèles commerciaux. L’achat de matériaux recyclés reste souvent assez onéreux lorsqu’ils sont recyclés par une tierce partie. Afin de faire en sorte que des matériaux, notamment utilisés par les fabricants de voitures ou de machines à laver, reviennent dans le cycle de production, il est nécessaire de changer la façon dont les gens les consomment. Par exemple, le nouveau type d’abonnement de voiture tout compris, tel qu’on le voit chez des constructeurs comme Volvo, illustre parfaitement cette tendance.
Le dérèglement climatique, les préoccupations environnementales, l’augmentation du coût du carburant et les pénuries de matériaux et composants font évoluer la façon dont de nombreuses entreprises envisagent la résilience. De ce fait, la durabilité ne concerne pas seulement l’environnement, mais également la façon de rendre les organisations plus rentables et plus résistantes à l’avenir.