La chromatogénie, procédé de chimie verte sans solvant et biocompatible, permet de rendre imperméable à l’eau tout matériau à base de cellulose naturelle tel que les papiers dans des conditions économiquement très compétitives. Entièrement recyclables et biodégradables, les premiers prototypes de masque traités selon ce procédé ont d’ores et déjà reçu l’aval de la DGA et répondent aux normes européennes.
A peine sortie de la pénurie de masques, l’Europe et le monde entier sont de nouveau confrontés à un problème majeur : les centaines de millions de masques à usage unique produits chaque jour pourraient être à l’origine d’une catastrophe environnementale sans précédent. Fabriqués à partir de polypropylène, matière en fibre plastique, leur processus de décomposition prend en effet plus de 400 ans, engendrant une pollution particulièrement nocive pour la planète.
Grâce à un procédé innovant, la chromatogénie, l’entreprise Cellulotech a mis au point une solution écologique et peu coûteuse : des masques conçus à partir de simple papier, faisant écran à tout type de liquides, notamment aux fameuses gouttelettes transporteuses de particules virales, tout en offrant des conditions optimales de respirabilité et de filtration.
Le papier pouvant être entièrement sourcé en France ou en Europe, cette solution biodégradable s’avère également bien moins coûteuse que le matériau utilisé pour les masques chirurgicaux et offre une meilleure protection qu’une grande majorité des masques en tissu. Testés par des laboratoires indépendants, les premiers prototypes répondent aux normes européennes pour les masques chirurgicaux et ont également été validés par de la Direction Générale de l’Armement le 10 avril dernier.
Découverte par le Dr Daniel Samain, directeur scientifique de Cellulotech, la chromatogénie est un procédé chimique biocompatible sans solvant qui rend imperméable à l’eau tout matériau à base de fibres de cellulose. Cette nanotechnologie permet de greffer une monocouche de molécules d’acides gras naturels à la surface du papier, ce qui rend le matériau imperméable tout en préservant toutes ses propriétés de recyclabilité de biodégradabilité et de porosité.
En plus d’être écologique, le procédé est remarquablement peu coûteux - le coût de fabrication du matériau est estimé en dessous de 1 centime par masque et la mise en place à l’échelle industrielle de ce procédé est tout à fait possible en quelques mois. En effet, si la production de masques s’effectue aujourd’hui par centaines de millions, l’Etat français craint une nouvelle crise liée à la difficulté d’approvisionnement en "melt-down".
Ce matériau non tissé est au cœur des filtres des FFP2 et des masques chirurgicaux. Or, sa fabrication nécessite des investissements extrêmement lourds et des technologies peu maîtrisés par les entreprises françaises. Depuis le 15 avril, la Direction générale des entreprises a ainsi appelé les industriels français à se mobiliser pour créer de nouvelles lignes de production.
Face à cet enjeu, le procédé de chromatogénie constitue la solution parfaite pour la mise en place d’une filière européenne de fabrication de masques à grande échelle. Matériau local et renouvelable, la cellulose, omniprésente dans les végétaux et notamment dans le bois, est le composé biologique de loin le plus répandu sur la planète Terre.
Les applications de la chromatogénie ne s’applique d’ailleurs pas qu’aux équipements de protection individuels. Elle ouvre aussi la possibilité de multiples débouchés dans des secteurs comme le textile, la production d’emballages, la construction ou les produits d’hygiène courants.
Une innovation révolutionnaire qui pourrait favoriser l’émergence d’une nouvelle filière industrielle respectueuse de l’environnement en Europe.