Voici le message central du livre du physicien théoricien Sean Carroll, Le Grand Tout, sur l’origine de la vie, son sens et l’Univers lui-même, qui après avoir connu un succès phénoménal outre-Atlantique, voit le jour en français.
S’il est encore relativement peu connu en France, Sean Carroll est un scientifique star aux États-Unis, bardé de prix et auteur de nombreux ouvrages sur la physique et le cosmos. Son dernier en date, Le Grand Tout, a connu un succès équivalent à ceux de Stephen Hawkins, avec plus de 150’000 exemplaires écoulés en quelques mois. Il partage avec ce dernier la volonté de mettre à portée de tous et dans un langage simple les idées scientifiques les plus ardues, mais Le Grand Tout revêt également des allures de grand’œuvre pour son auteur : « Ce livre est le point culminant de ce à quoi je pense depuis longtemps. J’ai aimé la physique dès mon plus jeune âge, mais je me suis aussi intéressé à toutes sortes de grandes questions, de la philosophie à l’évolution et aux neurosciences. Et ce que ces champs ont en commun, c’est qu’ils visent tous à capturer certains aspects d’un même univers sous-jacent. La science ne consiste pas seulement à résoudre telle ou telle énigme, mais aussi à comprendre comment le monde fonctionne. Et je parle ici du monde dans sa globalité, de l’immensité du cosmos à la particularité d’une vie humaine individuelle. » Cette continuité allant des lois physiques fondamentales aux valeurs morales ou éthiques constitue le fil rouge du livre, que l’auteur présente comme une approche « naturaliste » du monde. Que celui-ci nous apparaisse encore comme incomplet, mystérieux ou créé de toute pièce par une intelligence supérieure, il ne fait aucun doute pour Carroll que les jours sont comptés avant que nous n’entrevoyions l’image complète, « le grand tout », et ne réalisions que notre monde est uniquement régi par les lois de la physique.
Et cette conclusion est également valable pour l’assemblage biochimique que nous sommes. « La conscience est certainement l’une des caractéristiques les plus subtiles et les plus difficiles à comprendre du monde que nous connaissons, et nous ne savons pas encore quelles sont les réponses finales. Mais les preuves sont là : le monde n’est que le reflet de la nature, qui obéit aux lois de la physique. Je pense que lorsque nous comprendrons enfin les mécanismes de la conscience, nous constaterons qu’elle n’est qu’un processus, tout comme la vie, c’est-à-dire le résultat d’interactions entre les atomes qui constituent notre cerveau et les forces physiques auxquelles ils sont soumis. Dans une perspective naturaliste, il y a en ce sens peu de différence entre un être humain et un robot ».
Quant au sens de l’Univers ou tout dessein finaliste qui animerait notre destin, Carroll est tout aussi catégorique : « Des espèces de plus en plus complexes et variées ont vu le jour, et notre cerveau s’est développé au fil du temps. Il est donc tentant de se dire "Eh bien, peut-être que tout cela indique un objectif, un futur vers lequel nous sommes dirigés". Mais une fois encore, notre compréhension du monde montre que ce n’est pas vrai. Et qu’il n’y a rien de spécial dans l’état futur de l’univers. Il sera complètement générique et inintéressant. C’est le passé qui était spécial. L’Univers est né dans une configuration très organisée, où les choses étaient très précisément arrangées et il est en train de s’effondrer depuis lors. Même les choses compliquées comme vous et moi ne sont qu’une sorte d’effet secondaire de ce lent processus de liquidation générale que connaît l’Univers. »
Dans le foisonnement de ce livre monumental de 600 pages, Carroll ne perd jamais de vue le lectorat auquel il a souhaité s’adresser : « J’ai écrit ce livre à 100% pour le profane. Il y a beaucoup d’idées là-dedans. Certaines peuvent paraître compliquées au premier abord, et c’est pourquoi j’ai divisé le livre en petits chapitres pour que chacun puisse les digérer tranquillement, à son rythme. Je suis convaincu que les gens sont très intéressés par la science ; c’est pour eux que j’ai écrit ce livre, et leur faire partager les grandes découvertes et idées de la science moderne. » Objectif atteint : le livre a fait son entrée dans la liste des meilleures ventes du New York Times le jour même de sa parution.
Le Cosmos
L’Entendement
L’Essence des choses
Complexité
Penser
Aimer le monde
Sean Carroll est physicien théoricien à l’Institut de technologie de Californie. Il a reçu de multiples récompenses de la National Science Foundation, la NASA, la fondation Alfred P. Sloan, la fondation David et Lucile Packard, l’American Physical Society, l’American Institute of Physics et la Royal Society de Londres. Il a également reçu une bourse Guggenheim en 2015. Il est l’auteur de From Eternity to Here et de The Particle at the End of the Universe (Higgs, le boson manquant). Il vit à Los Angeles avec son épouse, l’auteure scientifique Jennifer Ouellette.