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Dossiers

Baromètre de la santé du quinquennat N°1 : Premières décisions et priorités

Par Antoine Vial

Publication: Juillet 2017

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Après un mois seulement d’exercice du pouvoir, il est trop tôt pour juger d’une politique et de ses méthodes...
 

Aucun procès d’intention donc, mais des interrogations au vu des premières annonces de la nouvelle ministre de la Santé et des urgences qui l’attendent comme autant de bombes à retardement.

En effet, quel que soit le ministre en fonction, ce qui apparaît clairement à l’observateur attentif c’est que ce ne sont pas quelques réformes aussi judicieuses soient-elles qui permettront d’arrêter la lente déliquescence de notre système de santé et l’effondrement de la qualité de notre médecine. Un exemple : la désertification ne relève pas seulement de l’installation de médecins généralistes, mais à égalité de la survie de l’hôpital local, qui dépend lui-même de l’organisation des urgences, et ainsi de suite... C’est donc bien d’une refonte globale dont notre pays a besoin.

Médicaments, dispositifs médicaux et chirurgicaux

À quand la prochaine « affaire » qui viendra encore un peu plus ébranler la confiance des Français dans leur système de santé et ses responsables ? Un mois, un an ? Ce qui est certain, c’est qu’un nouveau scandale éclatera car rien n’a été entrepris pour l’éviter. Pire, nous savons déjà où il se produira, quel(s) médicaments ou prothèses en seront la cause. Une bonne fois pour toutes, il est temps d’éliminer les conflits d’intérêts entre experts et industrie, gage d’un retour de la confiance envers la médecine. Le président Macron s’est dit déterminé à les empêcher en ce qui concerne les produits phytosanitaires dont les pesticides, sa ministre de la santé le suivra-t-elle pour les médicaments ?

Brexit : Opportunité..

Depuis sa création en 1995, l’Agence européenne du médicament est installée à Londres qu’elle va devoir quitter. Il y a là une belle opportunité que plusieurs villes françaises ont décidé de saisir en se portant candidates. Lille a la préférence de l’Etat français. Son installation en France, et dans la foulée la création d’un corps européen d’experts indépendants couvrant l’ensemble des spécialités médicales, serait de nature à stimuler notre industrie et résoudrait définitivement la question des conflits d’intérêts.

Désertification et disparition des petits hôpitaux publics, le pire est à venir

L’augmentation du numerus clausus n’aura d’effet que dans neuf ans pour les médecins généralistes et dans douze pour les spécialistes, or le pic de départ à la retraite chez les médecins est attendu d’ici trois à cinq ans ; la multiplication par deux des maisons de santé n’aura d’effets que si les médecins veulent s’y établir, et pour cela on sait qu’il est nécessaire qu’ils participent à leur élaboration ; les aides financières à l’installation ne ramèneront pas les médecins dans certains territoires s’il n’y a pas d’école pour leurs enfants, de travail pour leur conjoint(e) et d’autres professionnels pour les soulager. Dans ce sens, la réorganisation complète de notre système de santé s’impose dans laquelle il convient en priorité de revisiter la formation, les fonctions, les ressources et le mode de rémunération des médecins généralistes.

Rémunération à la quantité, un choix contre la qualité

Aujourd’hui les modes de rémunération des professionnels de santé, tarification à l’activité (T2A) pour les hôpitaux comme honoraires pour la médecine de ville, répondent au seul critère de quantité. Plus on fait d’actes, mieux on est rémunéré, un véritable antidote à la qualité ! Seule la France a mis en place un tel système, même au pays du libéralisme absolu, aux USA, il y a plus de quinze ans que l’on a introduit des critères de qualité dans le calcul de la rémunération des professionnels. Outre le fait que la quantité nuit fatalement à la qualité des soins il explique aussi la souffrance de nombreux soignants. A ce titre, une révision des modes de paiement représenterait un signal fort pour tout le secteur de la santé, un changement de paradigme attendu.

Vaccination/obligation : Solution ?

Oui, il y a un problème de vaccination dans notre pays. Oui, c’est une question majeure de santé publique ; et oui, l’Etat est dans son rôle en voulant s’en saisir. Si on se place d’un strict point de vue de santé publique la rendre obligatoire est acceptable. Demande-t-on aux réfugiés s’ils acceptent d’être vaccinés avant de rentrer dans un camp où le choléra sévit ? Si on se place en termes de politique publique et de résultats, l’injonction n’est pas la bonne voie. Nous sommes en 2017, nos concitoyens attendent qu’on ne les considère plus comme des gamins indisciplinés mais comme des personnes responsables, capables de faire les meilleurs choix pour leur santé et celles de leurs enfants. Car, on ne peut pas dire à tout bout de champ que le patient est acteur de sa santé et le priver de sa liberté d’agir à la première occasion. Il faut relire Foucault, écouter les sociologues, le couple contrôle/répression est définitivement contre-productif. A ce couple d’un autre âge, la ministre préfèrera-t-elle celui d’information/responsabilisation ? Convaincre plutôt que d’obliger, une première mission de prévention à exercer pour les 40 000 étudiants en santé que le président Macron avait proposé de mobiliser tous les ans dans son programme électoral ?

Sécurité routière, les chiffres sont mauvais et ils ne s’amélioreront pas

La multiplication des radars n’y changera rien, dixit la Cour des comptes et tous les experts indépendants qui se sont intéressés de près aux causes des accidents. Il est temps de changer radicalement notre politique de sécurité routière, d’une part en s’attaquant vraiment à la première cause d’accident qui est l’alcool, d’autre part en arrêtant de tout miser sur la répression et en nous orientant vers une responsabilisation des conducteurs. Une bonne raison pour ramener les questions de santé publique majeure – alcoolisme, tabagisme, accident de la route – dans le giron du ministère de la Santé.

Internet et la santé : le retard français est préjudiciable à tous les acteurs. Nos hôpitaux ne communiquent pas entre eux, le dossier médical partagé (DMP) est en panne malgré le demi-milliard déjà dépensé, nos données médicales continuent d’alimenter les géants du web (GAFA), le service public d’information de santé peine à se concrétiser, etc. Si la numérisation des services publics est un chantier majeur pour le président de la République, elle est vitale pour la ministre de la santé.

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